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La mixité dans le spectacle vivant – Entretien

Mixite

La CPNEF-SV (Commission paritaire nationale emploi formation du spectacle vivant) vient de publier : « portraits statistiques sur la mixité dans le spectacle vivant »

Le constat est sans appel : parmi la centaine de métiers recensée par la branche, les emplois du son, de la machinerie et de la lumière sont classés dans les métiers dit « masculins ». En effet, la part des femmes chez les régisseurs son ou chez les techniciens son est de 7%, quant à la lumière seulement 12% des techniciens lumières sont des techniciennes et ce chiffre monte à 16% pour les régisseuses lumière.

métiers masculins dans spectacle vivant

A STAFF, cette tendance est également confirmée : depuis sa création en 1983, les métiers techniques du spectacle attirent majoritairement des hommes. Si l’on remonte à 2015, la répartition des effectifs par formation reste stable. Sans surprise, ce sont donc les formations en lumière : technicien·ne·s (17% de femme) et régisseur·euse·s (33% de femme) où le nombre de candidates est le plus important.

Pour ce premier épisode, nous nous sommes intéressés aux métiers du son avec le point de vue d’une professionnelle en activité également formatrice à STAFF.

 

Entretien avec Raphaëlle DUQUESNOY

Raphaëlle, 40 ans, Ingénieure Son, formatrice à STAFF depuis 2 ans

Comment es-tu arrivée dans le milieu de la technique ?

Etant musicienne, le son a toujours été une évidence pour moi. C’est donc assez naturellement que j’ai suivi des études dans ce domaine (Audio Engineering Diploma – SAE Paris). J’ai un parcours assez polyvalent car j’ai toujours fait du studio et du live en tant qu’ingénieure du son ou de designer sonore en indépendante.

Pour toi, « être une femme dans le son » ça veut dire quoi ?

Je ne peux pas dire que ce soit forcément facile d’être une femme dans ce milieu hyper masculin. Il faut souvent justifier ta place et devoir aller plus loin qu’un homme. Dans les premiers temps, il faut avoir un côté « rentre dedans » plus marqué et faire ses preuves. C’est encore plus flagrant en prestation où la pression est plus élevée qu’en studio et c’est sûrement pour cela que la part des femmes est encore moins importante.

Et puis parfois, c’est justement parce que tu es une femme que l’on t’appelle. Cela m’énervait un peu d’entendre ça au début. Mais les retours sur « l’approche féminine » et « la sensibilité » ressortent finalement comme des atouts indéniables dans une équipe.

Je ne revendique rien, cela m’importe peu que l’on parle d’ingénieure au féminin mais je veux être rémunérée à compétences identiques comme mes collègues masculins.

Comment expliques-tu le petit nombre de femmes dans le son ?

J’y ai souvent réfléchi et je n’ai pas d’explication tranchée vu que pour moi cela a été assez naturel comme orientation. Il y a sûrement le fait qu’une vie professionnelle avec des grosses amplitudes horaires est, aujourd’hui encore, pour une femme un peu moins compatible avec une vie familiale.

Les choses changent ?

Pas vraiment, depuis 20 ans que je fais ce métier je vois les mentalités évoluer mais le nombre de filles sur le terrain n’augmente pas…

Et en terme d’évolution ?

Clairement, si je regarde autour de moi, les femmes évoluent moins que les hommes. A compétences égales, on va proposer à un homme plus facilement un poste avec plus de responsabilités.

Après 20 ans dans le métier, tu as toujours envie de continuer dans ce milieu ?

Bien sûr ! Il y a 5 ans j’ai repris les études (licence TAIS – Techniques et Activités des Images et du Son, et un diplôme national supérieur d’expression plastique – option design sonore) ce qui m’a permis d’avoir de nouvelles compétences et de diversifier mes expériences. Dans ce métier, l’ouverture d’esprit et la curiosité sont essentielles.

Est-ce que tu aurais un conseil à donner aux femmes qui voudraient s’orienter vers ce métier ?

Si t’as envie, faut y aller ! Il faut savoir se faire confiance, c’est comme ça que les mentalités évolueront.

 

Découvrez dans notre prochaine newsletter les entretiens de 4 stagiaires en régisseur.euse.s Son 2020/2021. Ces interviews permettront de confronter les deux points de vue : celui de la professionnelle en activité et celui de plusieurs stagiaires actuellement en formation.

 

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